Je me souviens encore de ce vieux rocking-chair en hêtre cintré que j’ai récupéré chez une tante. Il grinçait à chaque mouvement, le vernis était écaillé, l’assise élimée jusqu’à l’os. Mais je ne voyais pas un vieux fauteuil fatigué. Je voyais des après-midi de lecture, un coin de salon qui respire, et un meuble qu’on transmet, qui raconte.
C’est ça, le relooking d’un rocking-chair : redonner une âme à un meuble qui en a déjà une. Si vous en avez un qui sommeille chez vous, oublié ou abîmé, voici cinq façons d’en faire un vrai compagnon de vie.
1. Repeindre, mais pas n’importe comment
Quand on parle de relooking, on pense souvent à la peinture. Et c’est vrai : c’est parfois tout ce qu’il faut pour réveiller une silhouette. Mais attention, il ne s’agit pas de l’étouffer sous trois couches opaques.
Pour un rocking-chair, je conseille souvent une peinture à la caséine ou à la craie, en couche fine, bien tirée au pinceau plat. J’ai déjà travaillé un modèle en hêtre auquel j’ai donné un ton bleu pétrole légèrement patiné sur les arêtes – et croyez-moi, il a trouvé sa place dans un salon au style nordique sans effort.
Avant de peindre, pensez à bien poncer à la main, surtout dans les courbes. Le grain 180 suffit souvent. Puis un petit dépoussiérage à l’aspirateur, et un chiffon humide. Le bois doit être prêt à recevoir.
🎨 Astuce de l’atelier : j’ajoute parfois quelques gouttes d’huile de lin à ma peinture à la craie pour une application plus souple, surtout dans les recoins difficiles.
2. Ajouter des coussins, mais pas juste pour le confort
Un rocking-chair, c’est d’abord un siège de détente. Et un bon coussin, c’est la touche finale. Mais pour moi, c’est aussi un prétexte à l’expression.
J’ai une cliente qui voulait un fauteuil pour allaiter son bébé. On est partis d’un vieux modèle cannée, et on a cousu un coussin en lin lavé, couleur sable, avec un biais contrasté bleu nuit. Résultat : un cocon à la fois doux, solide, et intemporel.
Si vous êtes à l’aise avec la couture, vous pouvez créer votre propre housse. Sinon, un bon tapissier saura adapter l’épaisseur et les finitions à la forme de votre rocking-chair.
🪡 Petit plus : pensez à utiliser un tissu déperlant ou déhoussable si le fauteuil est destiné à une chambre d’enfant ou une pièce de passage.
3. Intégrer du macramé ou des tressages naturels
Pour les modèles à structure fine, avec dossier ouvert, j’aime bien remplacer l’assise par un tressage en corde de coton, chanvre ou même en cuir recyclé. C’est un travail méticuleux, mais le rendu est toujours bluffant.
Je me souviens d’un projet réalisé avec mon fils, un dimanche pluvieux. On a retendu le dossier d’un petit rocking-chair en utilisant de la corde de jute brute, tressée en losanges. On y a passé l’après-midi – et depuis, c’est devenu sa chaise préférée pour lire ses BD.
🌿 C’est un excellent moyen de moderniser une pièce tout en restant fidèle à son esprit artisanal.
4. Patiner pour réveiller les marques du temps
Tous les rocking-chairs ne méritent pas une peinture lisse et brillante. Certains ont besoin de rester eux-mêmes, tout en gagnant en chaleur. C’est là qu’intervient la patine.
J’utilise souvent une peinture crème ou lin, que je laisse sécher une heure à peine, puis je frotte légèrement les arêtes au papier 240, juste ce qu’il faut pour faire réapparaître le bois en dessous. Ensuite, je passe une cire d’abeille légèrement teintée au chiffon. Le bois retrouve sa douceur, sa profondeur.
🪞 Le résultat ? Un fauteuil qui semble avoir toujours été là. Pas neuf, mais vivant.
5. Oser les détails personnels au pochoir ou à main levée
Vous aimez les petits clins d’œil ? Moi aussi. Sur certains projets, j’ajoute une inscription discrète sous l’assise, ou au dos du dossier : une date, un mot, un prénom.
J’ai déjà peint à main levée une série de motifs feuillus sur les accoudoirs d’un rocking-chair destiné à une maison de campagne. Rien de criard : juste quelques touches, comme une broderie posée sur le bois.
✏️ Conseil : testez toujours votre pochoir sur une chute avant de vous lancer. Et préférez une peinture mate légèrement diluée, pour éviter les bavures.
Le vrai secret d’un relooking réussi
Ce n’est pas l’outillage, ni le budget. C’est le regard.
Un meuble qu’on décide de transformer, c’est un meuble qu’on regarde différemment. On ne le voit plus comme un objet usé, mais comme un potentiel à révéler. Le rocking-chair, par sa forme, sa fonction, son histoire, est un parfait terrain de jeu.
Et une fois relooké, il devient souvent le coin préféré de la maison.
📌 FAQ spéciale rocking-chair
Est-ce qu’on peut repeindre un rocking-chair verni sans tout décaper ?
Oui, mais il faut poncer soigneusement pour matifier la surface. Ensuite, appliquez une sous-couche d’accroche, puis votre peinture.
Quel tissu privilégier pour un coussin d’assise ?
Du lin lavé, du velours côtelé, ou même de la toile de jute doublée si vous aimez le rustique. Évitez les tissus trop fins qui s’usent vite.
Est-ce que le macramé tient dans le temps ?
Très bien, à condition de bien tendre la corde et de choisir un matériau robuste. Le coton tressé ou la corde de jute font l’affaire pour un usage quotidien.
Comment éviter que le rocking-chair grince ?
Serrez les vis, puis appliquez un peu de savon sec ou de cire d’abeille sur les zones de frottement. Cela réduit considérablement les craquements.
Peut-on installer un rocking-chair à l’extérieur ?
Oui, mais avec une finition adaptée (huile pour bois extérieurs ou vernis marin). Et pensez à le protéger en hiver ou par mauvais temps.
En conclusion
Un rocking-chair, ce n’est pas juste un siège qui bascule. C’est un objet de réconfort, de transmission, de quotidien. Le relooker, c’est lui permettre de continuer à vivre, différemment, mais toujours avec style.
Alors ouvrez les yeux, ouvrez l’atelier, et laissez vos mains raconter une nouvelle histoire.